Label Végétal local Davantage de végétaux endémiques plantés à Paris

«Nous sommes dans une démarche de labellisation de notre production depuis quatre ans, explique Julien Doyen, chef de la division des productions et de l’approvisionnement en végétaux du Centre horti­cole de la Ville de Paris, fournissant les végétaux de la capitale. En 2018, nous avons obtenu le label­ Fleurs de France et, en 2019, nous avons constitué un dossier de candi­dature et bénéficié du label Plante bleue niveau 3, une certification nationale qui garantit que les végétaux sont produits de manière écoresponsable. »

140 plantes pour représenter la biodiversité d’Île-de-France

« Dans l’action 21 du plan Biodiversité de la Ville de Paris voté en 2018, la mairie s’est engagée à favoriser les espèces vé­gétales régionales, rappelle Julien Doyen. 50 % des végétaux plantés dans les nouveaux aménagements doivent provenir de la région, et ce d’ici à 2025. Or nous avons estimé qu’à peine 2 % de ceux plantés en 2018 en étaient originaires. »

À la suite du recensement des espèces types­ issues d’Île-de-France, le centre de production horticole en décompte 1 200, mais elles ne sont pas forcément dispo­nibles. « Parmi ces taxons inscrits sur la liste des plantes endémiques, beaucoup ont peu d’intérêt pour les parcs et jardins car éphémères, très rares ou sans grand attrait­ esthétique, observe Julien Doyen. Nous avons décidé d’en choisir 140 pour les produire au centre : 95 vivaces, trente arbustes et quinze arbres. »

Le Jardin botanique de la Ville de Paris gère la collecte

Une fois que cette gamme a été constituée, le Centre horticole de la Ville de Paris a souhaité aller plus loin et se lancer dans la marque Végétal local en effectuant des prélèvements en pleine nature. Il a collaboré avec le Jardin botanique de la Ville de Paris qui, habituellement, collecte des graines au parc floral de Vincennes ou au bois de Boulogne afin de les échanger avec le monde entier. Les agents ont récolté des graines de vivaces dans les deux bois parisiens dans l’optique de les produire localement et de pouvoir candidater à la marque Végétal local.

« Nous avons choisi quatre plantes pour les présenter au label car elles sont disponibles en abondance localement pour la collecte et faciles à produire. De plus, elles inté­ressent les services techniques de la Ville », précise Julien Doyen.

Sur ces quatre espèces qui ont été auditées, deux ont été certifiées : Hypericum perforatum et Geum urbanum. Une vivace a été éliminée dès le départ car elle a été jugée­ « pas assez typique d’Île-de-France ». Une autre, Trifolium fragiferum, est actuellement en cours de réexamen après une demande de précisions.

« Après tout ce travail, d’une part avec le Jardin botanique et, d’autre part, afin de constituer la liste de plantes endémiques, en 2019, nous avons atteint 15 % des végétaux plantés dans les nouveaux aména­gements qui étaient originaires de la région », se réjouit-il.

La progression semble se prolonger en 2020 et 2021, pour atteindre l’objectif de 50 % en 2025.

Mais pour obtenir la certification Végétal local, les critères sont très stricts car l’origine de la plante ne suffit pas, ses graines doivent être collectées en milieu naturel et produites en Île-de-France.

Collecte locale sans certification

« La démarche de réaliser des collectes locales­ est intéressante, souligne Julien Doyen, mais d’un point de vue administratif le dossier est très lourd à monter. En ce qui concerne la partie production, c’est relativement simple, mais ça l’est beaucoup moins quant à la collecte des graines car chaque point de récolte doit faire l’objet d’un dossier. Par ailleurs, l’acte de candidature est à renouveler très régulièrement car la marque est valable cinq ans, avec un audit intermédiaire. Nous allons donc continuer à appliquer ces pratiques en collaboration avec le Jardin botanique, mais sans les faire certifier auprès de la marque Végétal local. Notre objectif est d’atteindre cinquante plantes collectées et produites localement sur les 140 que nous avons sélectionnées sur la liste de plantes endé­miques d’Île-de-France d’ici à 2022. » Il s’agira essentiellement de vivaces, mais aussi de quelques arbustes et de plantes ligneuses.

Florence Mélix